Dessins anciens & du XIXe siècle

Paris – Alors que le Salon du Dessin ouvrira ses portes le 22 mars, ce même jour, le département Dessins Anciens & du XIXe siècle de Christie’s présentera sa vente annuelle de dessins couvrant plus de 400 ans de création européenne, du XVIe au XIXe siècle environ. Composée de près d’une centaine de lots pour une estimation globale autour de 1,3 millions d’euros, la vente mettra à l’honneur une grande variété d’œuvres sur papier provenant des écoles française, italienne, hollandaise et flamande. Parmi les lots phares de la vente, se dégagent une rare et importante étude de Peter Paul Rubens, un merveilleux petit dessin de Victor Hugo, une aquarelle orientaliste d’Antoine-Ignace Melling ou encore un ensemble de dessins italiens provenant d’une collection privée européenne.
La mise aux enchères de l’Étude d’homme agenouillé vu de profil par Peter Paul Rubens sera sans aucun doute l’un des temps forts du printemps pour les collectionneurs et amateurs de dessins. L’œuvre, à la provenance prestigieuse, restée dans la famille de Clercq depuis le XIXe siècle, n’a pas été vue sur le marché depuis 1867 (estimation : 250 000-350 000 €). Rares sont les dessins de Peter Paul Rubens, peintre majeur du XVIIe siècle, à apparaître sur le marché. Dans cette délicate étude réalisée avec l’une des techniques de prédilection de l’artiste, la pierre noire rehaussée de blanc, le maître flamand s’inspire des Carrache et autres grands dessinateurs italiens de la même époque, soit un beau témoignage de l'influence italienne restée présente chez Rubens longtemps après son retour à Anvers. Ici, la pierre noire permet à l’artiste de décliner une palette de gris en demi-teintes, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le drapé du manteau, d’une grande modernité, épouse un dos dont la ligne courbée et tout en rondeur, vient renforcer la douceur et l’humilité de la posture du modèle. Le mouvement du visage et le regard vers le bas prolongent le contour du vêtement et conférent à la fois au dessin une grande harmonie et force.
Un ensemble de quatre études, Deux études pour un sphinx ; Deux études pour la Victoire de Fernand Khnopff, l’une des figures de proue du symbolisme belge, rythmera également la vente (200 000-300 000 €). Ces deux paires de dessins sont emblématiques de l’esthétique de l’artiste, livrant des portraits de femmes mystérieux, la femme Sphinge, Victoria et la femme chevalier, sur papier légèrement bleuté. Présenté dans son cadre d’origine voulu par l’artiste, tel un imposant écrin doré faisant échos aux icônes de la Renaissance italienne, cet ensemble a participé au renouveau de l’artiste en figurant dans la rétrospective du musée des Arts décoratifs en 1979 avant d’être à nouveau exposé en 2004 aux Musées royaux des Beauxarts de Bruxelles.
La section des dessins XIXe comprendra également un très beau pastel de la fin de la carrière de JeanFrançois Millet, Paysage rural avec vache et moutons (150 000-200 000 €). Vers la fin de sa carrière, l’artiste se tourne de nouveau vers des compositions de paysages ruraux, inspirés de son enfance passée en Normandie. Ici, il s’agit de La Ferme du Lieu-Bailly, une exploitation agricole située dans le hameau de Gruchy près de Gréville, sa ville natale. La variété des couleurs employées, des verts luxuriants aux tonalités chaudes du pelage des animaux, témoigne ici d'un retour de l'artiste à l’utilisation du pastel après une période consacrée au crayon noir.
Inédit sur le marché, Souvenir: château fantastique de Victor Hugo. Offert par l’écrivain à la femme de Lettres, amie et compositrice Louise Bertin (1805-1877), le dessin est resté, depuis, dans la même famille. L’œuvre, enrichie de touches de bleu et de rouge, couleurs plus rares dans le corpus graphique de l’artiste, décline également une variété de mediums -plume, encre brune, lavis brun, fusain, aquarelle, gouachedonnant à voir la maîtrise de nombreuses techniques par l’artiste qui aime tester, inventer et mélanger. Estimé 40 000-60 000 €, ce dessin appartient à une série de « Souvenir » que Victor Hugo offrait à ses proches.
Resté dans la même famille depuis plus d’un siècle, Procession en l’honneur d’un mariage turc d’AntoineIgnace Melling a été publié en 1804 pour l’ouvrage en deux volumes de Lacretelle, Voyage pittoresque de Constantinople et des rives du Bosphore. L’œuvre réalisée au graphite, aquarelle et gouache, le tout rehaussé de gomme arabique, a appartenu à Auguste Boppe (1862-1921), archiviste de formation et conseiller d’ambassade à Constantinople et l’auteur des Peintres du Bosphore au XVIIIe siècle publié en 1911 (et réédité enrichi d’illustrations en 1989). Cet ouvrage fit découvrir les peintres orientalistes du XVIIIe siècle et reste, aujourd'hui encore, une référence pour les historiens de l’art. D’un grand raffinement et mettant en lumière les couleurs de l’Orient, l’œuvre, estimée 200 000-400 000 €, a été exposée en 1992 au musée Carnavalet (Paris) et au Rijksmuseum (Amsterdam) lors de l’exposition itinérante dédiée à l’artiste : « Du Bosphore à la Seine, Antoine-Ignace Melling, artiste voyageur ».
Une belle sélection de dessins italiens fera également partie de la vente dont une quinzaine de feuilles provenant d’une collection privée européenne. L’ensemble formé dans les années 1990-2000 se compose d’œuvres de Sigismondo Caula (1637-1724), Pierre de Cortone (1596-1669), Luca Giordano (1634-1705) ou encore Giandomenico Tiepolo (1727-1804) avec des estimations allant de 2 000 à 15 000 €. Certaines de ses feuilles ont été exposées à Madrid (2022) ou à Lisbonne (2000 et 2021) sous le titre European Master Drawings from Portuguese collections, sous la direction de Nicholas Turner. Parmi cet ensemble, sera présentée une Étude des quatre éléments par Pietro Testa sur papier bleu d’une grande fraîcheur provenant de la collection Pierre Crozat au XVIIIe siècle et plus récemment Alfred Normand (1910-1993).
Enfin, sera inclus une sélection de dessins français du XVIIIe siècle, dont un ensemble de Charles-Joseph Natoire (1700-1777) et François Boucher (1703-1770), tous inédits et ayant appartenu au sculpteur Carlo Marochetti (1805-1867). Les dessins conservés par les descendants de l’artiste sont restés à l’abri des regards et constituent une vraie redécouverte pour tous les amateurs de dessins français. Les œuvres aux estimations attractives seront présentées aux enchères entre 5 000 et 25 000 euros.
INFORMATIONS PRATIQUES
Vente Dessins anciens & du XIXe siècle
Mercredi 22 mars 2023 à 15h
Exposition du vendredi 17 au mercredi 22 mars 2023
Ouverture tous les jours de 10h à 18h sauf le dimanche 19 mars de 14h à 18h et le mercredi 22 mars de 10h à 12h
Christie’s Paris : 9, Avenue Matignon - 75008 Paris
CONTACT PRESSE
pressparis@christies.com
01 40 76 84 08 / 72 73
P1. : Procession en l’honneur d’un mariage turc, Antoine-Ignace Melling
P1. : Souvenir: château fantastique, Victor-Marie Hugo
P1. : Étude d’homme agenouillé vu de profil, Sir Peter Paul Rubens
P2. : Le combat des quatre éléments : Vulcan retenant Junon, Cybèle et une Source à terre (recto) ; Esquisse d’une figure (verso), Pietro Testa Please credit © Christie’s Images Limited