UN TÉMOIGNAGE EXCEPTIONNEL DE L’HISTOIRE DU PRIX GONCOURT : EN VENTE CHEZ CHRISTIE’S
AJAR, Émile (Romain Gary, sous le pseudonyme de, 1914-1980). La Vie devant soi. Paris : Mercure de France, 1975.
L'exemplaire le plus désirable qui soit - celui envoyé par Romain Gary, alias Émile Ajar, à Raymond Queneau, alors membre du jury du prix Goncourt.
Estimation : 10 000 – 15 000 €
Paris – A l’occasion d’une vente en ligne qui se déroulera du 9 au 21 novembre prochain, Christie’s propose un témoignage exceptionnel de l’histoire du prix Goncourt et de l’une des plus grandes mystifications de celle de la littérature française. En effet, c’est l’exemplaire le plus désirable qui soit de La vie devant soi - celui envoyé par Romain Gary, alias Émile Ajar, à Raymond Queneau, alors membre du jury du prix Goncourt qui sera proposé à la vente pour une estimation de 10 000 à 15 000 €.
Le Prix Goncourt 1956, remporté par son roman Les Racines du ciel consacre Romain Gary, qui est désormais l'un des écrivains les plus en vue du paysage littéraire français. En 1973, il rédige Gros-Câlin, le premier roman qu’il signe sous un nom de plume, Emile Ajar, peut-être pour ôter, le temps d’un livre d’abord, le costume de l’écrivain connu et établi, et recevoir, à nouveau, ses « premières critiques ». « Ce fut seulement après avoir terminé Gros-Câlin que je pris la décision de publier le livre sous un pseudonyme, à l’insu de l’éditeur. Je sentais qu’il y avait incompatibilité entre la notoriété, les poids et mesures selon lesquels on jugeait mon oeuvre, la gueule qu’on m’avait faite, et la nature même du livre ». L’histoire qu’il façonne à Emile Ajar est celle d’un jeune auteur, exilé au Brésil en raison de différends avec la justice – il missionne un de ses amis pour porter le manuscrit à Robert Gallimard, qui sera le seul mis dans la confidence par Gary. Il accepte de jouer le rôle du confident silencieux sans influencer le comité de lecture. Le manuscrit est refusé par la maison-mère, Robert l’envoie donc à sa cousine, Simone, au Mercure de France. Le livre est accepté et ainsi sort le premier roman d’Emile Ajar. Le mystère qui nimbe cet auteur fascine et, déjà, des hypothèses fusent pour essayer de l’identifier. Raymond Queneau, membre du comité de lecture de Gallimard, flaire une mystification et ne croit pas voir ici un premier roman, mais plutôt l’oeuvre d’un écrivain confirmé, qui se cache derrière un nom de plume. Il faudra attendre 1981, un an après la mort de Gary, pour que le masque tombe . En septembre 1975, Ajar publie un second livre – La Vie devant soi, qui remporte le prix Goncourt la même année, faisant de Gary le seul auteur à avoir reçu deux fois ce prix – ce qui est normalement impossible. Cet exemplaire, orné d’un envoi autographe signé de Gary, qui signe Ajar, adressé à Raymond Queneau, est ainsi un extraordinaire témoignage de cette mystification littéraire, parmi les plus célèbres de notre histoire.
Vente en ligne du 9 au 21 novembre 2022
Exposition du 16 au 21 novembre chez Christie’s,
9, Avenue Matignon 75008 Paris
VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE ICI