PHOTOGRAPHIES

Paris – Christie’s présente sa vente Photographies, qui se tiendra en ligne du 23 mai au 6 juin. Réunissant des photographes majeurs des XXème et XXIème siècles : Helmut Newton, Richard Mosse, Zanele Muholi, Shirin Neshat, Wolfgang Tillmans, Irving Penn, Guy Bourdin, Nan Goldin, Cindy Sherman ou encore Hiroshi Sugimoto. La sélection proposée à la vente couvre un vaste panorama de différents genres photographiques dont la photographie de mode, la photographie documentaire ou encore la photographie conceptuelle.
Roselyne, Château d’Arcangues, 1975 d’Helmut Newton est l’œuvre phare de la vente. Ce tirage de grande taille fait appel à un procédé technique rarement utilisé par le photographe : le tirage argentique ferrotypé. Helmut Newton en apprécie particulièrement les qualités techniques et la rapidité, mais aussi son esthétique singulière. Grâce à son rendu brillant qui évoque immanquablement l’univers glamour des magazines en papier glacé, il s’accorde parfaitement avec le ton des images de Newton qui s’inscrivent alors dans ce mouvement pictural des années 1970 que le New York Times fit entrer dans l’histoire sous le nom de « porno chic ». L’emploi d’une vue en plongée, atypique dans la production de Newton, fait ressortir la silhouette centrale de Roselyne qui se détache du décor somptueux par sa posture et sa peau éclatante (Est. 80 000-120 000 €).
Sept femmes photographes contemporaines aux œuvres engagées seront mises en lumière dans la vente, à travers des tirages de Cindy Sherman, Ellen von Unwerth, Shirin Neshat ou encore de Zanele Muholi (Vukani II, Paris, 2014, 12 000-18 000 €) à laquelle la Maison européenne de la Photographie consacre en ce moment la première rétrospective en France. Nan Goldin, dont l’œuvre récente fait actuellement l’objet du documentaire, « All The Beauty And The Bloodshed » sorti en salle en mars 2023, est également présente dans la vente. French Chris on convertible, NYC, 1979 (Est. 6 000-8 000€) permet de retrouver toute l’âme de son travail de documentation des mondes de la nuit, de la culture underground.
La vente fera également la part belle au portrait, qui sous l’objectif des photographes, se renouvelle et se transforme en un genre pluriel, à la croisée des pratiques et des expressions artistiques. Les photographes de mode s’imposent comme des portraitistes très recherchés, à l’image de Peter Lindbergh qui publie en 1996 son premier ouvrage intitulé 10 Women dans lequel figurent les clichés des top-modèles ayant marqué sa carrière. Cette vente en propose un très bel exemple avec la photographie Amber Valletta, Harper’s Bazaar, Times Square, N.Y., 1993. L’apparition du mannequin culte des années 1990, en costume d’ange aux ailes immaculées, crée une parenthèse poétique loin du tumulte de Times Square. Emblématique du travail de Lindbergh, cette photographie rend compte de la modernité qu’il insuffla au portrait de mode à l’orée du XXIème siècle (Est. 18 000-25 000 €). A ces images qui renouvellent l’art du portrait, s’ajoutent des compositions originales, aux prises de vue insolites, avec notamment cette œuvre iconique d’Irving Penn Bee (A), New York, September, 1995 qui vient illustrer un article paru dans Vogue la même année. En se focalisant sur les lèvres du mannequin surmontées d’une abeille, le photographe fait référence à l'expression Bee Stung Lips (“lèvres piquées par une abeille”) employée dans les années 1950 pour décrire des lèvres pulpeuses et mordues. Il crée une œuvre hybride mêlant portrait et nature morte au sein d’une composition à la fois étonnante et fascinante (Est. 40 000-60 000 €).
L’autoportrait est également un thème régulièrement exploré par les photographes, en témoigne l’œuvre de Robert Mapplethorpe. Réputé pour ses images subversives et érotiques, le célèbre photographe américain s’illustre ici dans un tout autre registre. Self-portrait, 1985 offre une dimension introspective et méditative qui diffère de sa production la plus connue. Sobre et dépouillé l’œuvre dévoile une facette plus intime de l’artiste, qui fait écho aux autoportraits qu’il réalisera à la fin de sa vie, alors qu’il est atteint du sida. Véritable memento mori, Self-portrait, 1985 confère au portrait photographique une grande puissance dramatique (Est. 60 000-80 000 €).
Les collectionneurs pourront également se tourner vers des univers plus conceptuels, dont celui d’Hiroshi Sugimoto avec Surface 0008 : Surface with a conic singularity, 2004 (Est. 30 000-50 000 €). En 2002, le photographe interroge la relation entre photographie et mathématiques à travers sa série Conceptual Forms. Pour ce faire, il capture des modèles mathématiques en plâtre issus de la collection de l’université de Tokyo. Disposés sur un fond noir, baignés de lumière et tirés en grandes dimensions, le photographe transforme la perception de ces outils dédiés à la compréhension visuelle des fonctions trigonométriques complexes. Pour cette série, Sugimoto a été influencé et guidé par les recherches de Man Ray, Constantin Brancusi et Marcel Duchamp.
A travers une démarche documentaire et artistique, l’œuvre de Richard Mosse s’inscrit à rebours des codes du photojournalisme. Réalisé en 2011, Men of Good Fortune, tiré de la série The Enclave, illustre les événements se rapportant à la guerre en République Démocratique du Congo. Face au flux d’images documentant ce conflit, le photographe capture un instant non-décisif, privilégiant la poétique des espaces plutôt que l’horreur de l’instant. Pour ce faire, il adopte une pellicule Kodak Aerochrome, technologie développée par l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale pour repérer les cibles camouflées dans des zones de végétations denses. La captation de la lumière infrarouge transforme le vert de la végétation en rose acidulé, métaphore du sang versé dans ces montagnes africaines (Est. 15 000-20 000 € - Ill. en tête de ce document).
Légendes des visuels :
RICHARD MOSSE (Né en 1980), Men of Good Fortune, 2011, tirage c-print, monté sur aluminium, édition de 5, 101,6 x 127 cm., Est. 15 000-20 000€ © Richard Mosse. Courtesy of the artist and Jack Shainman Gallery, New York.
PETER LINDBERGH (1944-2019), Amber Valletta, Harper’s Bazaar, Times Square, N.Y., 1993, tirage argentique, édition 7/25, 60,7 x 44,7 cm, Est. 18 000-25 000€ © Peter Lindbergh Foundation, Paris.
HIROSHI SUGIMOTO (Né en 1948), Surface 0008 (Surface with a conic singularity), 2004, tirage argentique, monté sur support, édition 2/5, 182 x 154 cm, Est. 30 000-50 000 € © Hiroshi Sugimoto
CONTACT PRESSE
pressparis@christies.com
01 40 76 84 08 / 72 73
#ChristiesParis