LE DIABLE AU CORPS UN EXCEPTIONNEL MANUSCRIT DE TRAVAIL, VÉRITABLE GENÈSE DU CHEF-D’ŒUVRE DE RAYMOND RADIGUET MIS EN VENTE LE 22 NOVEMBRE 2023 À L’OCCASION DU CENTENAIRE DE SA PUBLICATION

RADIGUET, Raymond (1903-1923) Le Diable au Corps. Manuscrit autographe,
non signé, daté « samedi 20 août 1921, 5 heures du soir », 13 cahiers d’écolier (217 x 170 mm)
Estimation : 300 000-500 000 €
Paris – Le 22 novembre prochain, à l’occasion de la vente Livres rares et Manuscrits, la mise aux enchères du manuscrit autographe du Diable au corps de Raymond Radiguet sera un événement pour le monde littéraire. Par cette vente, Christie’s s’associe aux célébrations du centenaire de la publication du livre, qui est aussi celui de la disparition de l’écrivain à l’âge de 20 ans.
Roxane Ricros, spécialiste au département Livres rares et Manuscrits : « Ce tout premier manuscrit, écrit alors que Radiguet fête à peine ses dix-huit ans, vient éclairer la naissance du récit, livrant la version la plus brute du Diable au corps, abondamment corrigée par l’auteur et révélant la véritable part d'autobiographie du texte. »
Roman psychologique, Le Diable au corps conte l’amour passionné et cruel d’un lycéen pour une femme dont le fiancé est au front durant la Première Guerre mondiale. Dès sa parution, le livre provoque un scandale et connaît un immense succès. Le premier tirage est épuisé en une semaine.
Le manuscrit de travail, proposé à la vente est particulièrement émouvant. Il est rédigé par le jeune homme sur des cahiers d’écolier, comporte de nombreuses corrections, plusieurs passages qui ne figureront pas dans le texte final, ainsi que des annotations de Jean Cocteau, avec qui Raymond Radiguet entretient alors une liaison.
À partir de 1919, Raymond Radiguet prend des notes et rédige quelques anecdotes pour le roman. Durant l’été 1921, il s’attelle à la rédaction du livre alors qu’il séjourne à l’hôtel Chantecler, au Piquey, en compagnie de Jean Cocteau. Dans une lettre à Valentine Hugo Jean Cocteau indique que “Radiguet a déjà écrit 120 pages d'un roman qui ne peut, selon [lui], se comparer qu'aux Confessions ou à La Princesse de Clèves.” Ces 120 pages appartiennent au manuscrit qui sera mis en vente le 22 novembre prochain.
Ce manuscrit de travail, abondamment corrigé, est antérieur à celui conservé à la BnF qui correspond lui à une mise au propre de l’ouvrage. Il est composé de 13 cahiers d'écolier - support favori du jeune écrivain - noircis d'une écriture dense et instinctive. Les ratures et les corrections sont nombreuses. Des passages entiers sont barrés et réécrits. Certains seront abandonnés dans le texte final.
Le manuscrit dévoile ainsi une tout autre genèse du roman et met en lumière la dimension autobiographique du texte : l'héroïne ne s’appelle pas encore Marthe mais Alice, tout comme la maîtresse de Radiguet pendant la guerre. De même, dans les notes en marge, l'usage de la première personne amène l'auteur et le héros à se confondre.
Fascinant dans sa forme, ce manuscrit offre, sur le fond, un remarquable exemple de la genèse d’un chef-d’œuvre, dévoilant des commentaires de l’auteur sur l’effet recherché pour certains passages et soulignant le flou qui sépare la fiction de l’autobiographie. Un siècle plus tard, l’enfant prodige de la littérature française n’en finit pas de révéler ses secrets.
Livres rares et manuscrits :
Vente le 22 novembre 2023 à 14h00
Exposition chez Christie’s Paris 9, Avenue Matignon, 75008 Paris
Du 14 au 21 novembre (tous les jours de 10h à 18h, sauf le dimanche, de 14h à 18h)